Nicolas Sarkozy n’aime pas « La Princesse de Clèves », ce beau roman de Madame de Lafayette qui a tellement gardé sa modernité et son attrait pour la vieille et la jeune garde  qu’il a été à deux reprises adapté au cinéma en ces dix dernières années : la première par « l’ancêtre » Manoël de Oliveira dans « La Lettre » en 1999 et la seconde l’an passé par le quasi débutant Christophe Honoré dans « La Belle Personne ».
 
Comme le Président est par trois fois revenu à la charge pour stigmatiser cet ouvrage, on peut se demander à juste titre quel mauvais souvenir scolaire celui-ci lui a laissé ou même s'il l'a seulement lu...
 
A l’heure où Nicolas Sarkozy met en place un Conseil pour la Création Artistique qu’il présidera lui-même et qui sera animé par Marin Karmitz (que l'on a connu plus inspiré dans ses choix de batailles), il y a de quoi être inquiet.
 
Inquiets comme le sont sur leur sort les enseignants universitaires en grève dans toute la France et plus particulièrement ceux de Paris 3 qui ont décidé de « s’armer » de ce roman pour en faire l’emblème de leur lutte.
 
Voici le texte de leur communiqué avec en couleur les trois liens à cliquer pour bien tout comprendre du contentieux qui existe entre Sarkozy et « La Princesse ».
 
 
« A L'INITIATIVE D'ÉTUDIANTS et D'ENSEIGNANTS-CHERCHEURS de PARIS 3 ET D'AILLEURS.
Des enseignants-chercheurs, personnels biatoss et étudiants de Paris3 et d'ailleurs, mobilisés et en grève proposent le lundi 16 février à partir de 15h une lecture marathon de La Princesse de Clèves, devant le Panthéon, place du Panthéon, Paris. Nous nous relaierons et inviterons le public à nous relayer pour lire à haute voix le roman de Madame La Fayette jusqu'à ce que mort (de la Princesse) s'en suive. Ainsi contribuerons-nous, après d'autres, à la divulgation d'un texte dont la subtilité a récemment souffert de discours moins subtils et témoignerons-nous d'une des réalités de notre métier d'universitaire : prendre le temps de lire et de donner à lire. Tout lecteur volontaire est évidemment bienvenu. »
 
 
Et comme leur idée est bonne, ils ont déjà été rejoints dans leur action par les universitaires de Grenoble et la semaine prochaine, ce sera le tour de ceux d’Aix :
 
« A AIX :
Nous répondrons au mépris de l’omni-président pour la culture, en lisant   « LA PRINCESSE DE CLÈVES », LE MERCREDI 18 FÉVRIER DE 14 H À 20 H, PLACE DE LA MAIRIE À AIX en soutien au mouvement des universitaires contre la mastérisation des concours et la réforme du statut des enseignants-chercheurs. Lecture-marathon sous forme de relais : apportez votre exemplaire, votre thermos de thé, diffusez cet appel, et invitez les personnes intéressées !
 
Et que vive la Princesse ! »
 
 
Prenons garde à ne pas trop sourire de cette affaire : en ce moment, c’est le sort des universités françaises qui se joue, et tapi derrière, celui aussi de tous les enseignants du premier et du second degré de demain à cause de la désastreuse mastérisation attendue de leurs concours de recrutement…